Critique de "Dune" de David Lynch

En 1982, sortant du succès critique comme public d'"Éléphant man", David Lynch va pousser les portes de la Mecque du septième Art... 

Le producteur Dino de Laurentiis lui propose alors d'adapter "Dune", le chef d'oeuvre de la littérature de sf de Frank Herbert, réputé inadaptable. 

De Laurentiis pense tenir le nouveau Star Wars, (Lynch vient d'ailleurs de décliner l'offre de Georges Lucas de réaliser...  "Le Retour du Jedi".) 

Le metteur en scène accepte car Dino de Laurentiis s'engage à produire, par la suite, le film qui lui tient vraiment à cœur... Un certain "Blue Velvet"

Quelques années après la tentative infructueuse d'Alejandro Jodorowsky de porter à l'écran le monument de la science fiction new-age, Lynch reprend le flambeau pour donner sa vision du monde désertique d'Arrakis.

Ce sera un échec... Film décrié (à tort à mon sens) et critiqué, c'est le seul "blockbuster" de sa carrière. Il va garder un souvenir très négatif de cette expérience.

Dépossédé du final cut et par là même, de son œuvre , il reniera le film même si on y retrouve des fulgurances lynchiennes, notamment dans les scènes avec le baron harkonnen, ce monstre difforme et couvert de pustules, principal antagoniste du héros ou dans la description de Geidi Prime, la planète industrielle des Harkonnen.

Dans le substrat du film demeure l'identité lynchienne : une fascination pour les corps torturées et les liquides, l’atmosphère lancinante procurée par une musique inspirée, les digressions abstraites, les séquences oniriques. 

On retrouve aussi le gigantisme des mondes imaginés par Frank Herbert. Un sentiment de se trouver devant un "Lawrence d'Arabie" du futur. 

Alors oui, c'est vrai... Kyle McLachlan, jeune acteur débutant sortant des castings, n'a pas le charisme de Peter O'Toole... 

Oui c'est vrai que l'abus des voix off explicatives plombe un peu la narration. (On pense à la première version de "Blade Runner" et à la voix off d'Harrison Ford rajoutée par les studios).

Oui c'est vrai que la fin, un peu vite expédiée, ne donne pas suffisamment la dimension christique du personnage de Paul Muad'Dib...

Il n'empêche... Cela reste un film de cet immense artiste. Un film "malade", inachevé certes... 

Mais un grand film malgré tout.

Espérons qu'un jour nous pourrons voir le véritable montage du film voulu par David Lynch. Un montage de plus de quatre heures...